Le Pays d’Épinal cœur des Vosges
Situé dans le nord-est de la France, le massif vosgien est une zone de moyenne montagne particulièrement forestière. L’important taux de boisement du massif et de la région a très tôt conduit au développement d’une économie liée au bois et à la forêt (Tisserand, 2015). Depuis la fin des industries métallurgiques et textiles historiquement très présentes dans les Vosges, la forêt et le bois constituent un secteur industriel essentiel pour la région.
La forêt couvre 42% de la surface du territoire. Elle est majoritairement publique (72%) et notamment communale, pour moitié. Les 26 000 propriétaires recensés se partagent les 27 000 hectares restants, la très grande majorité d’entre eux est donc détentrice de très petites surfaces, inférieures à 1 hectare. Les peuplements principaux sont les futaies de feuillus, notamment de hêtre mais aussi de chêne, régulièrement en mélange avec d’autres essences. Mais c’est bien le hêtre qui est l’essence emblématique du territoire. Ce dernier représente une production estimée à 190 000 m3/an dont environ 90 000 m3/an de bois d’œuvre, en grande partie de médiocre qualité (emballage, palette), répartie au sein des différentes régions naturelles qui constituent le pays d’Épinal : la Vôge à l’ouest, l’extrémité du plateau lorrain marneux, les collines sous-vosgiennes ainsi que les Vosges gréseuses et cristallines. Les peuplements résineux sont moins présents et représentent environ 27% de la surface forestière principalement constitués de sapins et d’épicéas. Ils représentent environ 20% du volume de bois d’œuvre récolté.
Les petites entreprises dont les scieries sont majoritaires malgré la présente de quelques acteurs industriels d’importance nationale comme le papetier Norske Skog ou le groupe autrichien Eagger. Depuis plusieurs décennies le département des Vosges s’illustre particulièrement sur les questions de développement intégrant la filière forêt-bois. En lien avec les entreprises, les collectivités élaborent des stratégies complexes comme c’est le cas du pays d’Épinal Cœur des Vosges. Ce pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) regroupe trois communautés de communes et constitue l’extrémité sud du secteur métropolitain européen du sillon lorrain. Les élus et acteurs politiques locaux, engagés depuis le milieu des années 1980 dans la promotion et la valorisation du bois, ont contribué à maintenir et à redévelopper le secteur sur le territoire. Un pôle de recherche et de formation dédié au bois se met progressivement en place et regroupe activités d’enseignement, de recherche et de transfert autour de l’école nationale supérieure des technologies et industries du bois (ENSTIB), créée en 1985, et du centre régional d’innovation et de transfert technologique bois (Critt bois). Ce dernier a pour objectif d’assurer un relai et un soutien aux petites entreprises du secteur, à travers des prestations d’expertise ou d’innovation. Associant laboratoires et entreprises, le pôle est conçu comme un réseau d’innovation sur les thématiques de la construction, des éco-matériaux ou de la chimie verte. Cet ensemble d’organismes partenaires, constitue le « campus bois », bien identifié à Épinal à la fois par les acteurs institutionnels et les entreprises de la filière.
Le Parc national de forêts (PNFor)
Le Parc national de forêts est l’extension la plus récente du réseau des parcs nationaux français (officiellement créé en novembre 2019). Il constitue aussi la première aire forestière de plaine réglementée au titre des parcs nationaux. Ce parc a vocation à concilier la protection des milieux naturels et la mise en valeur des activités et ressources du territoire. Il est situé sur le plateau de Langres, entre les départements de Haute-Marne et de Côte-d’Or. Ce périmètre se situe à cheval sur deux régions, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté. Sa superficie d’environ 241 000 hectares, se répartie de manière égale entre les départements de Côte-d’Or et de Haute-Marne. Le parc regroupe 127 communes (dont seules 99 ont adhéré à la Charte du PN) et compte un peu plus de 25 000 habitants, soit moins de 11 hab/km2 en moyenne). La majorité des communes du territoire ont moins de 100 habitants à l’exception d’une ville de plus de 5 000 habitants à l’extrémité ouest du Parc, Chatillon-sur-Seine, et de quelques bourgs de plus de 500 habitants. La population est vieillissante: les plus de 65 ans étant plus représentés que dans la moyenne nationale, à l’inverse de ceux de moins de 20ans.
On distingue trois grands ensembles forestiers : les forêts d’Auberive, celles de Chatillon et de la Chaume, et le massif du Barrois forestier. Dans l’ensemble, la structuration forestière se répartit entre 66 % de forêts publiques et 33 % de forêts privées, ce qui est très différent de la moyenne française (3/4 de forêts privées). Le taux de boisement sur le territoire du parc est de 54 % (pour une moyenne de 29% en France). Sur les 118 000 hectares de forêts, 33 000 sont des forêts domaniales, avec 3 massifs principaux (Chatillon, Auberive, Arc en Barrois), 44 000 ha pour les communes et l’EPTB Seine Grands Lacs et 41 000 sont des forêts privées. Les essences sont très majoritairement des feuillus (89%) avec le chêne et le hêtre principalement, mais aussi l’érable, le tilleul, le merisier. Le reste sont des résineux majoritairement issus d’essences importées, à savoir l’épicéa, le pin sylvestre et le pin noir. Les forêts anciennes représentent près de 80 % du territoire forestier du PN.
Sur le plan économique, le territoire du PNFor, se caractérise par un faible bassin d’emplois et un revenu par habitant faible également. Ce dernier est en deçà des moyennes nationales, mais également des moyennes des deux départements de la Côte-D’Or et de la Haute-Marne. Les activités économiques agricoles sont la principale source d’emplois sur le territoire. Bien qu’on y trouve des polycultures-élevages, la grande majorité des exploitations sont destinées à la production céréalière. On note toutefois la présence de nouvelles formes agricoles, organisées autour du maraîchage et de l’artisanat alimentaire, associées à des modes de production biologiques. L’autre grande activité économique pour le territoire est celle de la filière-bois et l’exploitation de la ressource des forêts. Nous notons également la présence de certaines activités tournant autour du tourisme. Il existe un certain nombre d’hébergements touristiques sur le territoire, accueillant actuellement divers publics (français et étranger - Belges, Allemands, Néerlandais), que ce soit autour du tourisme cynégétique, ou bien de la randonnée pédestre, équestre et à vélo.
La filière forêt-bois locale est composée d’environ 70 entreprises, pour 400 emplois directs. Elle était qualifiée de “dynamique mais peu développée”, par le GIP de préfiguration du PN lors de son diagnostic territorial de 2013. Cette filière regroupe des gestionnaires publics ou privés, des entreprises de reboisements et un pépiniériste, des exploitants forestiers, des entreprises de la première transformation (une usine de déroulage de hêtres et de peupliers à Chatillon-sur-Seine, des scieries, une usine de carbonisation du bois à Leuglay) et quelques entreprises/artisans de la seconde transformation, avec des menuisiers, des tourneurs sur bois, pour ne citer qu’eux. La filière bois-énergie, hormis l’autoconsommation de bois de chauffage, n’est que peu présente sur le territoire, bien qu’il existe quelques chaufferies collectives et privées. La pratique de l’affouage par les habitants est, elle, largement répandue et répond autant à des besoins d’énergie peu couteuse qu’à un attachement pour cette pratique traditionnelle.
La filière bois locale rencontre des difficultés structurelles, liées à la conjoncture économique actuelle. Ces problèmes sont liés à une difficile adaptation aux marchés, internationaux principalement, à un coût de la main-d’œuvre locale élevé et à une offre peu nombreuse et peu diplômée. Il est aussi souvent fait mention de la concurrence des pays de l’est de l’UE et le fait que les entreprises locales ne soient que des petites unités familiales. Le Parc national et la création d’une réserve intégrale de plus de 3 000 ha sont aussi aujourd’hui un sujet d’inquiétude pour l'approvisionnement des acteurs de la filière bois locale. Un des enjeux de cette filière pour le PN réside donc dans la valorisation de la ressource locale, via l’innovation et la production de valeur ajoutée localement, la sécurisation de l’approvisionnement pour les industries locales et le maintien et le renforcement de la filière et des savoir-faire.
Le Parc naturel régional du Haut-Languedoc (PNR HL)
Le Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc (PNR HL) est localisé en région Occitanie dans le sud du Massif Central et chevauche deux départements : le Tarn à l’ouest et l’Hérault à l’est. Le territoire est profondément rural, avec une densité de population moyenne de 31 habitants par km², enclavé entre deux métropoles : Toulouse à l’ouest et Montpellier à l’est. La forêt représente 67 % de la surface du parc, soit 209 156 ha, constituant un fort enjeu par sa biodiversité riche et par son rôle économique local soutenant autour de 2 500 emplois. Le massif forestier du Haut-Languedoc est aussi le plus productif d’Occitanie, ce qui lui donne une place importante dans le développement régional de la filière.
Sur le territoire du PNR HL, l’IFN distingue trois régions forestières : les Monts de Lacaune, Somail, Espinouse, la Montagne Noire et les Avant-Monts du Languedoc. La région des Avant-Monts du Languedoc, qui se trouve dans la partie héraultaise du parc, est bien différente des deux autres régions qui se situent plutôt du côté tarnais, en raison d’un contraste de climats, d’essences forestières et de logiques de gestion. Ainsi nous pouvons distinguer deux ensembles forestiers : à l’est du territoire, une forêt méditerranéenne, à l’ouest, une forêt atlantique.
Le territoire est aussi à cheval sur quatre climats (Bourru, 2018) : atlantique, méditerranéen, montagnard et continental. La forêt y est ainsi soumise à plusieurs influences climatiques, dont les conséquences directes prennent la forme d’épisodes météorologiques intenses ce qui la rend d’autant plus sensible aux changements climatiques qui accentueront ces fortes variations.
La forêt méditerranéenne est majoritairement composée de feuillus, notamment de chênes verts et de chênes décidus. Elle est confrontée à une grande influence du climat méditerranéen, ce qui se traduit, ces dernières années, par une augmentation de la menace d’incendie. Ces forêts sont réputées peu rentables et n’attirent que peu les demandes des industriels, par conséquent, il ne semble pas y avoir de forte dynamique sylvicole.
La filière bois emploie environ 2000 à 2600 personnes et compte 450 entreprises. En 2014, le volume sur pied est estimé à 40 millions de m3, avec un volume de production supérieur à 650 000 m3, soit une augmentation de plus de 200 000 m3 par rapport à 2008. Des récoltes importantes de bois ont actuellement lieu sur le territoire, du fait de l’arrivée à maturité de nombreux peuplements de résineux. Par voie de conséquence, le renouvellement forestier est un enjeu majeur du territoire, les choix d’aujourd’hui pouvant influer sur la composition du couvert forestier sur les cinquante prochaines années
Les forêts atlantiques, elles, sont majoritairement sous l’influence d’un climat atlantique plus propice. Ce sont des forêts résineuses récentes issues du Fonds Forestier National (FFN), qui a engendré une dynamique forestière ancrée dans des logiques de production. Inscrite dans cette logique de production qui soutient une filière, cette forêt atlantique à une maturité économique, c’est-à-dire que les arbres ont atteint des diamètres adéquats à l’équipement des scieries, et sont prêts à être coupés en conséquence. Plantés massivement, les boisements sont destinés à être récoltés de la même façon. Cela implique par la suite un reboisement des parcelles coupées à blanc, ce qui pose la question du renouvellement de la forêt dans une situation de changements climatiques.
Enfin, le PNR HL s’est engagé, il y a quelques années, dans des projets pour adapter les pratiques forestières du territoire aux nouveaux enjeux économiques, écologiques et sociaux, notamment au travers du projet LIFE-FORECCAsT et d’une Charte Forestière de Territoire (CFT).