S'Engager dans la Transition Ecologique dans les Territoires: innover pour un véritable contrat forêt-filière-société
Projet de recherche et recherche-action SHS pluridisciplinaire visant à l’analyse et l’accompagnement des processus de transition dans trois territoires forestiers
Projet associant l’UMR SILVA (Uni. de Lorraine, AgroParisTech, INRAE), l’UMR Territoires (AgroParisTech, INRAE, UCA, VetAgro Sup) le Laboratoire ERPI (Uni. de Lorraine, le LADYSS (CNRS, Uni. Paris Nanterre, Uni. Paris 8, Uni. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Uni. Paris 7), le FCBA et plusieurs partenaires institutionnels dont :
Fédération Nationale des Communes Forestières
France Nature Environnement
GIP Ecofor
Avec le soutien financier de l’Agence de la Transition Écologique (ADEME), appel à projets TEES 2018-2019.
Contexte et problématique du projet
Les espaces forestiers offrent tout un ensemble de services à la société : production de bois, accueil du public, biodiversité, qualité de l’eau et de l’air, atténuation du changement climatique, etc. La forêt soutient aussi par l’exploitation de ses ressources une filière économique de récolte et de transformation de bois qui tient une place importante dans la dynamique des espaces souvent ruraux. Le contexte du changement climatique fragilise cet équilibre et des inquiétudes écosystèmes (état sanitaire, déficit hydrique, capacité à renouveler les forêts), laissant craindre aussi pour la provision de l’ensemble de ces services qui, s’ils n’étaient plus rendus, accentueraient encore les effets du dérèglement du climat.
Non seulement le changement climatique fragilise les écosystèmes forestiers par ses effets directs (sécheresse, attaques biotiques, incendies…) qui se font de plus en plus sentir et devraient encore s’intensifier dans les décennies à venir (IPCC 2014). Ces effets sont déjà des répercussions en matière de qualité et de productivité de la ressource bois (voir par exemple la crise actuelle liée à la prolifération des scolytes). D’autre part, ces conséquences directes incitent les acteurs forestiers à s’interroger sur leurs pratiques de gestion actuelles et à réfléchir à des mesures d’adaptation des peuplements et de leur gestion. Là encore, des répercussions sur la filière et sur la physionomie des paysages forestiers sont à attendre : la forêt d’aujourd’hui ne sera sans doute pas celle de demain. Si des décisions demandent à être prises aujourd’hui, elles le seront dans un contexte de très grande incertitude sur où, quand et sous quelle forme le changement climatique va se manifester, et il est fort probable qu’elles seront sujettes à de vives discussions. Quoi qu’il en soit, une des attentes actuelles fortes vis-à-vis de la forêt et de ses gestionnaires, c’est qu’ils participent à l’atténuation des effets du changement climatique. Là encore, plusieurs options existent : celle de séquestrer le carbone en forêt (sols et arbres) ; celle de stocker dans les matériaux bois en les substituant à d’autres matériaux ; ou encore de substituer de l’énergie « verte » provenant du bois aux énergies fossiles. Laquelle de ces options privilégier ? Peut-on toutes les envisager en même temps ? Quel que soit le choix fait, les conséquences seront aussi économiques et porteront sur l’ensemble de la filière : la ressource ayant de fortes chances d’être bien différente de celle qui est aujourd’hui transformée. La physionomie des paysages forestiers sera très certainement elle aussi touchée ne répondant plus forcément aux attentes du public, avec plus ou moins de compréhension de la part de ce dernier. La portée de ce phénomène dépasse donc largement les seuls espaces et acteurs forestiers.
À ce jour, les actions visant à l’adaptation des forêts et de la gestion durable et celles visant à atténuer les effets du changement climatique, même si elles sont parfois guidées par des incitations, résultent des changements volontaires. Elles sont mises en œuvre par la seule volonté des acteurs impliqués qui, bien que pressés par les impacts directs du changement climatique, n’ont pas tous les mêmes réponses à apporter, ni le même capital social et économique pour le faire. Les mesures prises risquent donc d'être hétérogènes selon les acteurs, mais aussi selon les territoires qui ne sont pas tous touchés de la même manière par le phénomène, ni ne disposent des mêmes ressources. Le contexte historique et leur gouvernance et son efficience actuelle joueront également un rôle important dans ces dynamiques de transition souhaitables. Par conséquent, les modes de gestion durable vont donc devoir être pensés dans la flexibilité et aussi l’adaptabilité (en fonction de l’évolution des connaissances qu’on peut supposer aller en s’améliorant dans le temps). Les spécificités des acteurs et de leur territoire doivent aussi être intégrées à la réflexion sur la transition écologique, économique et sociale (TEES) et sa mise en œuvre.
Dans le même temps, la société s’empare de plus en plus des questions forestières fortes de représentations de ces espaces qui peuvent être tour à tour ou en même temps, partielles, idéologiques ou teintées de romantisme (lieu de ressourcement, espace sacré, bien commun, etc.). Aujourd’hui, la gestion des forêts et le développement de la filière bois ne peuvent donc plus être appréhendés sans intégrer cette composante. Les élus de communes forestières, sont, pour leur part, de plus en plus sensibles à l’urgence de prendre des décisions sur les orientations forestières dans ce climat d’extrême incertitude. Du fait de leur position de gestionnaire de collectivité, ils sont des acteurs clefs de ce processus : étant prescripteurs et arbitres d’enjeux souvent peu compatibles, ils peuvent être à l’initiative de projets et impulser des dynamiques de transition au niveau local. Ils sont aussi des acteurs d’importance pour la filière forêt bois tant comme propriétaire « moral » de la ressource que garant du développement économique de leur territoire et de la prise en compte des attentes et besoins de leurs concitoyens. Dans ce contexte, des initiatives de transition émergent dans des régions et des contextes forestiers et institutionnels différents. Des expérimentations sylvicoles d’adaptation au changement climatique voient le jour de manière plus ou moins formalisée et concertée (projets Giono et « îlots d’avenir » de l’ONF ou installations de nouvelles essences par certains propriétaires privés). Ces éléments rendent le choix des trois territoires qui seront nos lieux d’expérimentation (Pays d’Épinal, parc national de Forêts et PNR du Haut-Languedoc) particulièrement pertinent au vu des objectifs que nous nous sommes fixés détaillés dans la partie suivante
Objectifs
Notre projet questionne la place et le rôle que doivent jouer les forêts et leurs acteurs dans la TEES. Les forestiers, la filière bois et les décideurs politiques au niveau national ou régional n’étant plus les seuls à devoir s’engager dans ces choix sur la transformation des modes de gestion et de production ; se pose aussi la question de la contribution de la société civile et plus spécifiquement des élus de communes forestières – soit parce que ces municipalités sont propriétaires de forêt, soit parce que le ban communal comporte de nombreuses forêts privées.
L’objectif du projet S’EnTET est triple :
Interroger l’engagement des individus et des organismes : comment et sous quelles conditions les acteurs s’engagent dans une dynamique de transition ? Quels sont ceux qui s’engagent ? Qu’est-ce qui facilite ou freine l’engagement ? S’engagent-ils véritablement pour la transition écologique ou pour d’autres objectifs ?
Questionner l’effet du territoire et de ses dynamiques sur l’engagement des acteurs : Quelles stratégies et interactions entre les acteurs et les secteurs d’activités ? Quels modes de gouvernance de ces processus ? Comment s’articulent initiatives privées et politiques territoriales, logiques de fonctionnement locales et celles descendantes des politiques publiques ?
Accompagner localement les dynamiques de transition en mettant aux services des acteurs des territoires les connaissances produites et des outils de co-design de l’innovation pouvant guider les décideurs publics dans leur choix des modalités de mise en œuvre de l’action collective pour la TEES.
Consortium de recherche Marieke Blondet (coordinatrice) (AgroParisTech, UMR SILVA) Annabelle Amm (Gip Ecofor) Maxence Arnould (AgroParistech UMR SILVA et ERPI, Université de Lorraine) Alain Bouvet (FCBA) Patrice Dalo (France Nature Environnement) Matthieu Delcamp (Parc national de Forêts) Silvère Gabet (FNCOFOR) Marc Girard (AgroParisTech, UMR SILVA) Éric Lacombe (AgroParisTech, UMR SILVA) Sylvie Lardon (INRAE UMR Territoires) Jonathan Lenglet (AgroParisTech, UMR SILVA) Marie Lequien (PNR Haut-Languedoc) Morgan Martin (Parc national de Forêts) Laure Morel (ERPI, Université de Lorraine) Francis de Morogues (FCBA) Jean-Luc Peyron (Gip Ecofor) Quentin Remy (Communauté d’Agglomération d’Epinal, anciennement MDE Epinal) Michaël Ricchetti (AgroParisTech, Mastère spécialisé et UMR SILVA) Laurent Simon (LADYSS, Uni. Paris 10 Panthéon Sorbonne, CNRS)
Stagiaires et contributions d’étudiants sur le projet Florent Antoine, Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne, Master Bioterre Arnaud Sabroux, MNHN Master Sociétés et Biodiversité Steren Kunej, Université de Lorraine, Master AETPF-Nancy Esteban Guhur, Université de Lorraine, Master AETPF-Nancy Sophie Oberbach, Université de Lorraine, Master AETPF-Nancy Étudiants 2020-2021 des dominantes d’approfondissement d’ingénieur AgroParisTech Gestion Forestière (GF) et Ressources forestières et Filière bois (RFF) : étudiants de master 2 Bioterre (Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et AETPF-BFD (Université de Lorraine, AgroParisTech)
L'équipe du projet tient également à remercier Miriam Buitrago, notre correspondante Ademe sur le projet, pour sa disponibilité et ses nombreuses remarques constructives tout au long du projet.
Si vous voulez en savoir plus, cette interview de Marieke Blondet responsable du projet vous éclairera.
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